L’essentiel de l’enseignement du Bouddha Gotama
d’après les textes les plus anciens
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Aujourd’hui, nous allons faire un rappel de l’enseignement du Bouddha Gotama, enessayant d’en soulignerles points les plus essentiels et fondamentaux.
(D2) Pour cela, nous allons faire comme le Vénérable Walpola Rahula dans son ouvrage de référence sur « L’enseignement du Bouddha » (1), c’est-à-dire puiser le cœur de cet enseignement dans les textes bouddhiques les plus anciens.
Cela nous permettra de ne pas nous perdre dans une immense forêt, un inextricable dédale de littérature bouddhique, développée pendant plus de dix siècles après la disparition de son fondateur; et aussi de distinguer clairement le bouddhisme originel ou ancien, du bouddhisme ultérieur des Ecoles et du Grand Véhicule.
(D3) Dans cet exposé, nous allons essayer de répondre à 3 questions :
1°) Quels sont les textes bouddhiques les plus anciens ?
2°) Quel est l’essentiel de l’enseignement du Bouddha Gotama ?
3°) Quelles sont les caractéristiques du bouddhisme originel ?
I) Quels sont les textes bouddhiques les plus anciens ?
(D4) L’idéal aurait été que ce qu’on appelle « l’enseignement du Bouddha » (buddhasasāna) corresponde vraiment aux « paroles du Bouddha » (buddhavacana). Malheureusement il est certain que l’on ne connaîtra jamais les véritables paroles du Bouddha, car cet enseignement, qui s’est passé au 5è s. avant notre ère dans la basse vallée du Gange, ne pouvait être qu’oral, l’écriture n’apparaissant que plus tardivement au 3è s. avant notre ère. (Pour plus de précision sur les « langues indiennes du bouddhisme », vous pourriez vous reporter au cours N° 3, de l’année dernière).
(D5) A l’époque du Bouddha, le sous-continent indien était divisé en 16 « grands pays » (Mahājanapada), et les gens se communiquaient en prakrits (ou langues Indo-Aryennes moyennes), qui étaient des langues régionales, chaque pays ayant le sien.Le Bouddha lui-même parlait le magādhi, car il résidait le plus souvent dans le royaume du Maghada, et probablement aussi d’autres prakrits des pays voisins, comme le Kosala, le Vajji, le Kaśi et bien sûr le Śākya, son pays natal.
(D6) Trois mois après sa disparition, un 1er Concile fut organisé par ses élèves afin de faire mémoriser et transmettre oralement son enseignement, de génération en génération, en divers prakrits (2).
(D7) Le 3è s. avant notre ère fut une date importante pour le bouddhisme : 1) d’abord par la protection de l’empereur Asoka, qui adopta la doctrine bouddhiste et envoya des missions de propagation du bouddhisme dans diverses directions, 2) ensuite par l’apparition de l’écriture (kharoṣṭhī et brāhmī), 3) en même temps que de la langue pali, un prakrit composite, servant spécifiquement à véhiculer les textes bouddhiques et devenue la langue canonique de la tradition du Sud, 4) enfin par le 3è Concile, qui confirma la division du bouddhisme en plusieurs Ecoles, l’Ecole orthodoxe « des Anciens » (Sthaviravāda), et les Ecoles hétérodoxes, comme « Tout-Existe » (Sarvāstivāda) et « la Grande Assemblée » (Mahāsanghika).
(D8) Au 1er s. avant notre ère, lors du 4è Concile au Sri Lanka, auquel assista seulement l’Ecole des Anciens, le Canon pali fut consigné par écrit, en écriture cinghalaise, sur des feuilles de palme, puis recopié de génération en génération.
A partir de là, il va être diffusé vers les pays du sud-est asiatique : la Birmanie, la Thaïlande, etc., en écritures nationales (birmane, thaïlandaise…).
(D9) L’évolution des textes des autres Ecoles et leur diffusion en Inde centrale et du nord-ouest (région du Gāndhāra) va être différente. Ils étaient traduits à partir de divers prakrits en langue gāndhārī, avec une écriture kharoṣṭhī, ou bien subissaient une sanskritisation en langue sanskrit hybride bouddhique, avec une écriture brāhmī.
(D10) On voit ici sur cette carte schématiquement la diffusion géographique des principales Ecoles bouddhiques, dans les siècles qui ont suivi le 3è Concile, (D11) ainsi que les langues et écritures véhiculant leurs textes.
(D12) Le Canon pali est formé essentiellement de « Trois Corbeilles » (Tipiṭaka) :
1) Sutta-piṭaka : Corbeille des Discours (du Bouddha)
2) Vinaya-piṭaka : Corbeille de la Discipline monastique, comprenant le Pātimokka (liste des préceptes monastiques)
3) Abhidhamma-piṭaka : Corbeille des Commentaires.
(D13) Le Sutta-piṭaka est composé de 5 « Collections » (nikāya) :
1) Dīgha-nikaya, « Discours longs »
2) Majjhima-nikāya, « Discours moyens »
3) Saṃyutta-nikāya, « Discours groupés » (par thème)
4) Aṅguttara-nikāya, « Discours numérotés »
5) Khuddaka-nikāya, « Discours petits (ou courts) »
(D14) Ce dernierregroupe divers Discours qui n’ont pas figuré dans les nikāya précédents, certains étant précoces, d’autres plus tardifs. Les plus connus sont :
- Sutta Nipāta, « Choix de discours »
- Ittivuttaka, « Il a été dit »
- Dhammapada, « Versets du Dhamma »
- Theragāthā, « Stances des Anciens »
- Therigāthā, « Stances des Anciennes »
- Udāna, « Paroles inspirées »
- Milindapañha, « Questions du roi Milinda »
(D15) On compte ainsi plus de 10000 sutta, auxquels s’ajoutent des textes anciens en vers ou en prose, comme les Jataka, censés être des histoires des vies antérieures du Bouddha, mais qui correspondent en fait à des contes et légendes anciennes de l’Inde importées au Sri Lanka.
Les textes du Vinaya-piṭaka, concernant la discipline monastique, sont également précoces, communs aux diverses Ecoles anciennes et n’ont guère changé avec le temps.
(D16) Par contre, ceux de l’Abhidhamma (les Commentaires des sutta) sont d’apparition tardive, puisqu’il s’agit de commentaires ajoutés au fur et à mesure par des générations successives de moines, et sont particuliers à chaque Ecole, qui possède son propre Abhidhamma.
Abhi, quisignifiait au début « sur, à propos de », a pris ensuite le sens de « supérieur, spécial », et a été traduit en chinois par « merveilleux » (wéimiào fǎ). Si bien que beaucoup de bouddhistes, séduits par leur nom, se passionnent pour leur étude, alors que pour les spécialistes, il ne s’agit que d’une oeuvre collectivede systématisation, d’analyse et de classification de psychologie bouddhiste par des générations successives de moines.
Par la suite, sont apparus des traités (ou śāstra), rédigés par des chefs d’Ecoles ou patriarches(Nāgārjuna, Vasubandhu, Buddhaghoṣa...). Tous ces textes, rédigés entre le 3è s. avant notre ère et le 5è s. de notre ère, ne sont que des interprétations de l’enseignement du Bouddha, et non pas l’enseignement du Bouddha lui-même.
(D17) Ainsi, la connaissance de l’histoire du bouddhisme permet de nous documenter sur l’enseignement du Bouddha Gotama de façon la plus précise et objective possible. Il s’agit d’étudier les textes anciens du Canon pali, et plus particulièrement les collections des discours du Bouddha ou Nikāya.
Il est probable, d’après les spécialistes, que les Nikāya n’ont pratiquement pas changé depuis qu’ils eurent été fixés dans le Canon pali au 1er s. avant notre ère, les textes ayant été fidèlement recopiés de génération en génération, par respect du Maître et de la tradition.
On est d’ailleurs frappé par l’unité et la cohérence, aussi bien sur le fond que sur la forme, de ces sutta anciens en pali, contrastant avec les sūtra du Grand Véhicule (Mahāyāna) en sanskrit, traduits en chinois et en tibétain. A l’exception des Āgama, qui sont des équivalents des Nikāya en sanskrit, etdont le contenu est très proche.
En contrepartie, ces textes sont souvent trop longs, redondants et répétitifs, pour ne pas dire rébarbatifs pour le lecteur . Le nombre impressionnant de sutta (plus de 10000) est dissuasif, même pour les plus zélés et persévérants.
Si bien que le mieux est de se fier au choix de spécialistes du bouddhisme ancien, comme André Bareau, Môhan Wijayaratna, et les bhikkhu Walpola Rahula, Buddhadasa, Bodhi, Thanissaro, Analayo, Thich Minh Châu et Thich Thiên Châu,etc. qui ont sélectionné pour nous lessutta les plus importants.
II. Quel est l’essentiel de l’enseignement du Bouddha?
Nous ne ferons que rappeler les principaux éléments de cet enseignement, qui a été traité en détail l’année dernière en plusieurs séances. Il s’agit :
- des Trois Marques de l’existence (tilakkhaṇa)
- des Quatre Nobles vérités (cattāri ariya-saccāni), dont l’Octuple Chemin (aṭṭhāṅgika-magga), et
- et de la Co-production Conditionnée (paṭicca-samuppāda).
(D18) 1) Les Trois Marques de l’existence sont :
- L’impermanence (anicca). Tout change sans cesse, « le monde est un flux continu, comme une rivière de montagne ». Cette vue est partagée aussi par Héraclite et d’autres philosophes indiens, mais elle est particulièrement marquée dans le bouddhisme,
- Le non-soi (anattā). On a l’illusion d’un « soi » permanent, qui résulte en fait du fonctionnement de 5 facteurs physico-psychologiques, appelés agrégats (khandha), également changeants : celui de la forme, de la sensation, de la perception, des formations mentales et de la conscience. En fait, il ne s’agit pas d’une négation du « soi », mais d’une mise en garde contre l’illusion du « soi », et d’une stratégie thérapeutique de détachement de soi, dont nous reparlerons tout à l’heure.
- La souffrance (dukkha). Ces 3 caractéristiques de l’existence sont liées, car c’est l’attachement à ce qu’on croit être permanent, à ce qu’on croit être « soi » ou « à soi », qui est à l’origine de la souffrance.
(D19) 2) Les Quatre Nobles vérités sont :
- La souffrance (dukkha), ou l’insatisfaction, sous toutes ses formes d’émotions négatives ;
- L’origine de la souffrance (samudaya), qui se trouve dans les racines que sont l’avidité ou la soif, la haine ou la colère, l’illusion ou l’ignorance ;
- La cessation de la souffrance (nirodha), la délivrance, qui peut se faire en suivant
- La voie qui y mène (magga), (D20) formée de l’Octuple Chemin (aṭṭhāṅgika-magga) : l’action juste, la parole juste, les moyens d’existence justes, l’attention juste, la concentration juste, l’effort juste, la pensée juste, la vue juste. Cet Octuple Chemin peut être aussi regroupé en 3 rubriques appelées les « 3 Entraînements » : l’éthique (sīla), la méditation (samādhi) et la compréhension profonde (paññā).
(D21) 3) La Co-production Conditionnée
Elle est parfois représentée sous son aspect particulier appelé « Les 12 liens de conditionnalité » (dvādasanidānāni), par lequel le Bouddha a expliqué l’origine de l’apparition de la souffrance. (D22) En fait, il s’agit d’un principe particulier au bouddhisme, régissant le fonctionnement du monde, et englobant la causalité. Tout ce qui existe dans l’univers est interconnecté, interdépendant et interagissant. « Etre » ne peut être ainsi que « inter-être ».
Ainsi, l’enseignement du Bouddha peut être représenté de façon structurée, simple et claire par un schéma dont les éléments sont parfaitement articulés les uns avec les autres.
(D23) III. Quelles sont les caractéristiques du bouddhisme originel ?
Il est important de comprendre, outre l’énoncé de l’enseignement du Bouddha que l’on peut retenir aisément, que le bouddhisme originel a un certain nombre de caractéristiques qui le différencient fortement d’autres doctrines philosophiques et religieuses, et même des Ecoles bouddhiques apparues ultérieurement.
(D24) 1) Le bouddhisme originel est un humanisme
C’est-à-dire une philosophie centrée sur l’homme, et qui place l’homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs. Il se différencie ainsi des religions, centrées sur Dieu ou les divinités, et qui les placent au-dessus de tout.
Le Bouddha ne réfute pas la possibilité de l’existence des dieux (deva) ou d’autres êtres dans d’autres mondes, mais pour lui, l’homme est le seul responsable de ses actes, c-à-d de son karma, qui tel un boomerang reviendra sur lui-même, suivant la loi de cause à effet. Comme il le dit dans le Dhammapada : « Par soi-même on se souille, par soi-même on se purifie, par soi-même on s’enchaîne, par soi-même on se délivre »(Dh. 165).
(D25) 2) Le bouddhisme originel est une phénoménologie
« Durant toute ma vie, disait le Bouddha, je n’ai enseigné que la souffrance et la délivrance de la souffrance ». Sa seule préoccupation était le phénomène de la souffrance, et sa méthode était donc une phénoménologie.
Il s’agit d’appréhender la réalité « telle qu’elle apparaît » à travers les phénomènes (rappelons que « phénomène » vient du grec phainomenon, quisignifie « ce qui apparaît »), en s’appuyant sur l’observation et sur l’expérience directe.
Les questions d’ontologie, sur l’essence des choses, ne sont jamais abordées dans le bouddhisme originel.
Le Bouddha a toujours refusé de répondre aux questions métaphysiques posées par ses élèves, comme : « L’univers est-il éternel ou non, est-il infini ou limité ? Que devient l’âme après la mort ?». A ces questions, appelées avyākata, « à ne pas poser », car inutiles et qui font perdre du temps, il utilisait la parabole de « l’homme blessé par une flèche empoisonnée », ou bien gardait simplement le silence.
(D26) 3) Le bouddhisme originel est une voie moyenne (majjhimā paṭipadā)
Dans son premier discours au Parc des Gazelles, à Sarnath, le Bouddha a indiqué la voie moyenne qu’il a choisie, en écartant deux attitudes extrêmes : l’hédonisme, c’est-à-dire la poursuite effrénée du plaisir des sens, et l’ascétisme contraignant le corps et l’esprit.
Une autre voie moyenne enseignée par le Bouddha est celle qui refuse le point de vue « éternaliste », soutenant l’âme éternelle, et le point de vue « nihiliste », niant toute existence (4). Cette voie moyenne est la « coproduction conditionnée ».
(D27) 4) Le bouddhisme originel est une voie de la connaissance (s. jñāna-mārga)
Au lieu d’être une voie de la foi-dévotion (s. bhakti-mārga) ou de l’action rituelle (s. karma-mārga), comme d’autres doctrines de l’époque en Inde.
Pour cela, il est nécessaire de cultiver la « vue juste » (sammā-diṭṭhi) et la « pensée juste » (sammā-saṅkappa), parmi l’Octuple Chemin, afin de combattre l’ignorance (avijjā), la première des 3 racines de la souffrance.
La doctrine bouddhique a comme caractéristique « Ehi passiko ! » (venez voir !), qui est l’invitation du Bouddha à venir découvrir l’enseignement, chacun par sa propre expérience.
Ainsi, aux Kalama, habitants d’un village qui l’interrogent en qui il faut croire parmi les gens qui viennent prêcher leur doctrine, le Bouddha conseille de ne pas croire trop vite aux discours, aux argumentations, aux rumeurs d’où qu’ils viennent, mais d’examiner par eux-mêmes s’ils sont bons ou mauvais, puis de se déterminer selon leur expérience.
De plus, il ne peut y avoir de dogmatisme et d’intolérance dans le bouddhisme, car ces attitudes sont souvent liées à une « vue fausse » (micchā-diṭṭhi) et à l’attachement à la vérité qu’on croit détenir. « Il n'est pas convenable, dit le Bouddha, pour un homme qui soutient la vérité, d'en venir à la conclusion : ceci est la vérité et toute autre chose est fausse ».
Dans la « parabole du radeau », il conseillait à ses élèves de ne pas s’attacher à son enseignement, qui est comparable à un radeau qu’il ne faut pas continuer à porter sur le dos, une fois qu’on a traversé le fleuve.
(D28) 5) Le bouddhisme originel est une psychologie, une psychothérapie, un entraînement mental
Il y a 25 siècles, alors que l’on s’interrogeait encore sur la nature de l’âme humaine, le Bouddha avait déjà compris que ce qu’on prenait pour l’âme, pour le « soi » individuel, n’était en fait qu’une agrégation, un assemblage de divers facteurs physico-psychologiques, sans cesse en mouvement. Ce n’est que longtemps après que la psychologie est apparue en occident, comme une discipline à part entière, l’étude de l’esprit. Pour le philosophe écossais David Hume (18è s.) et le philosophe et psychologue américain William James (19è s.), comme un « flux de conscience », et depuis le 20è s. grâce aux progrès des neurosciences, comme le fonctionnement d’une multitude de réseaux de neurones.
(D29) Mais plus qu’une psychologie, le bouddhisme originel est une psychothérapie, comme le montre l’enseignement des « 4 Nobles Vérités » qui est une véritable démarche médicale : 1) la première vérité, la souffrance, constitue le diagnostic nosologique de la maladie ; 2) la deuxième, l’origine de la souffrance, le diagnostic étiologique ; 3) la troisième, la cessation de la souffrance, le pronostic de la guérison ; 4) et la quatrième, la voie qui mène à cette cessation, le traitement de la maladie.
(D30) C’est aussi une discipline mentale, reposant sur un Triple entraînement : l’éthique (sīla), la méditation ou la concentration (samādhi) et la compréhension profonde (paññā).
(D31) L’entraînement à la méditation, exposée dans les sutta anciens l’« Etablissement de l’Attention » et l’« Attention sur la respiration », joue un rôle particulièrement important et a été largement pratiquée par de nombreuses générations de bouddhistes en Asie.
Considérée au départ comme ésotérique, voire exotique, la méditation n’a éveillé l’intérêt des occidentaux qu’à partir des années 1950 par l’intermédiaire du Zen, puis a commencé à être étudiée par les neurosciences dans les années 1970, et en même temps à être appliquée médicalement dans le traitement des maladies liées au stress.
Aujourd’hui, la question qui se pose est si les différentes formes de méditation, dans le bouddhisme comme dans d’autres traditions, n’ont pas en commun le même mécanisme, celui de la pleine-conscience (mindfulness), basé sur la « juste attention »?
Enfin, (D32) 6) L’enseignement du bouddhisme originel n’a rien d’ésotérique
Comme le disait le Bouddha vers la fin de sa vie, à son disciple le plus proche, Ānanda: « J’ai enseigné le Dhamma sans faire aucune distinction entre l’ésotérique et l’exotérique. Dans les enseignements du tathāgata, il n’y a rien de semblable au poing fermé du maître ». Juste avant sa mort, il exhortait encore ses disciples à lui poser les dernières questions sur son enseignement, afin de ne garder aucun doute dans leur esprit (4).
Ceci va à l’encontre des affirmations ultérieures des partisans du Grand Véhicule, selon lesquelles il y aurait en dehors de l’enseignement officiel explicite du Bouddha, un enseignement ésotérique, c’est-à-dire caché pour ceux qui à l’époque n’avaient pas la capacité de comprendre, et qui des siècles après, aurait été révélé à quelques privilégiés, sous forme de sūtra du Grand Véhicule...
(D33) En résumé,
L’enseignement du Bouddha le plus fiable se trouve dans les Nikāya, c’est-à-dire les Sutta du Canon pali.
Malgré leur grand nombre et leur abondance, leur contenu est très clair et explicite, et peut se résumer aux 3 Caractéristiques, aux 4 Nobles Vérités, à l’Octuple Chemin, au Triple entraînement et à la Co-production conditionnée.
(D34) La voie enseignée par le Bouddha est à la fois un humanisme, une phénoménologie, une voie moyenne et de la connaissance, une psychologie, une psychothérapie et un entraînement mental, dont la valeur est universelle et qui peut être suivie par tout un chacun et par tous les temps.
TRINH Dinh Hy
22 Mai 2022
Bibliographie
1) Walpola Rahula
L'Enseignement du Bouddha, d'après les textes les plus anciens
Editions Points - Sagesse, 1974
2) Edward Conze
Le bouddhisme, dans son essence et son développement
Editions Payot & Rivages, 1952, 1970, 1978, 1995
3) Kaccayanagotta Sutta: To Kaccayana Gotta (on Right View), translated from the Pali, by Thanissaro Bhikkhu, 1997
https://www.accesstoinsight.org/tipitaka/sn/sn12/sn12.015.than.html
4) Môhan Wijayaratna
Le dernier voyage du Bouddha, avec la traduction intégrale du Maha-
Parinibbāna-sutta
Editions Lis, 1998