QU’EST-CE QUE LE KARMA?

         Comme vous le savez, le karma (nghiệp) est une notion répandue et d’une importance majeure dans le bouddhisme. Tous les viêtnamiens connaissent par cœur ces derniers vers du célèbre long poème Kiều de Nguyễn Du:

« Đã mang lấy nghiệp vào thân, Cũng đừng trách lẫn trời gần trời xa. Thiện căn ở tại lòng ta, Chữ tâm kia mới bằng ba chữ tài » (Une fois endossé votre karma, ne récriminez point le Ciel. Les racines du bien sont en chacun de nous. Un grand cœur vaut bien plus qu’un grand talent).

         Ainsi, tout le monde parle du karma, tout le monde attribue au karma ce qui nous arrive dans la vie aux uns et aux autres, mais en fin de compte, comprenons-nous vraiment bien ce qu’est le karma? Qu’a dit le Bouddha à propos du karma? Comment l’a t-il expliqué, et intégré à sa doctrine? Et comment peut-on mettre en pratique la compréhension du karma?

Nous allons tâcher de répondre à ces questions, sur un sujet moins simple qu’il ne le paraît au prime abord.

La notion de karma existe avant le bouddhisme

Tout d’abord, il faut insister sur le fait que la notion de karma était déjà solidement ancrée dans l’âme indienne, bien longtemps avant l’arrivée du bouddhisme, comme l’atteste sa présence dans les anciens livres sacrés de l’Inde, les Veda et les Upanishad (1600-500 avant JC).

D’autres notions familières dans le bouddhisme comme le samsara (luân hồi), réincarnation ou renaissance, le moksha (giải thoát), délivrance, le maya (ảo giới), monde des illusions, le dharma (pháp), tout objet existant, l’avidya (vô minh) ignorance, faisaient également déjà partie du vocabulaire philosophique et religieux de l’époque.

Ainsi, le karma etle samsara, qui étaient intimement liés l’un à l’autre, n’étaient donc pas spécifiques du bouddhisme, mais communs à presque toutes les philosophies et religions de l’Inde, dont ils formaient le socle théorique.

Le Bouddha Gautama les a simplement intégrés dans sa doctrine, tout en apportant certaines modifications importantes, sur le karma notamment.

Etymologiquement, karma vient de kr, qui veut dire « faire, agir ». C’est un terme sanskrit, alors que le terme pali correspondant est kamma. En chinois, c’est , et en viêtnamien nghiệp.

Dans les Veda,  les plus anciens documents religieux et littéraires de l’Inde, le karma exprime l’acte sacrificiel qui, en vertu de la rita (l’ordre cosmique), rejaillit sur le bénéfice accordé par les dieux, alors que dans les Upanishad (d’apparition plus tardive), le karma est l’action individuelle d’une portée plus transcendante. C’est lui qui détermine la position de chacun dans les renaissances ultérieures, suivant le principe « Telle fut l’action accomplie par l’homme, telle sera son existence future ».

Dans le jaïnisme, doctrine hétérodoxe contemporaine du bouddhisme, le karma revêt une importance particulière. C’est une sorte de matière subtile qui, générée par les actes passionnels, se colle sur l’âme individuelle et s’accumule au fur et à mesure, traversant de multiples renaissances et générant à son tour joie et souffrance. Afin de libérer l’âme du corps pour aller au sommet de l’univers où elle demeure pour toujours, le disciple jaïn doit épuiser ses karma, en pratiquant l’ascèse et une observance stricte des règles de conduite, dont la non-violence (ahimsa) envers toute forme de vie.

La notion de karma, qui était donc très répandue à l’époque, a été reprise par le Bouddha, qui affirma: « Les êtres sont propriétaires de leur karma, héritiers de leur karma; le karma est la matrice d’où ils sont nés, le karma est leur ami, leur refuge. Quel que soit le karma qu’ils réalisent, bon ou mauvais, ils en seront héritiers » (Majjhima-nikaya, 135).

Néanmoins, il a réinterprété le karma, en y apportant des corrections substantielles, si bien que l’on pourrait parler de caractéristiques du karma bouddhique. 

Les trois caractéristiques du karma bouddhique

Karma signifie donc action, mais dans le sens bouddhique du terme, il ne s’agit pas de n’importe quelle action :

1- Premièrement, il s’agit d’une action volontaire. Autrement dit, pour qu’il y ait un karma, il faut qu’il y ait une volonté d’agir, une intention. Cette notion particulière a été soulignée par le Bouddha lui-même: « Ô moines! C’est la volition que j’appelle karma. Car à travers la volition, on agit au moyen du corps, de la parole, du mental… » (Anguttara-nikaya, VI).

Or la volition (cetana, tác ý) fait partie du groupe des formations mentales (samkhara, hành) (on en a dénombré 52), qui est l’un des 5 agrégats d’attachement (khanda, uẩn) constituant l’individu. La volition a pour fonction de diriger l’esprit (citta, tâm) dans la sphère des actions, et est donc synonyme de karma.

Une action involontaire, non intentionnelle, n’est donc pas un karma. C’est là la différence fondamentale avec le brahmanisme, l’hindouisme (qui est sa continuation) et le jaïnisme. Pour un hindouiste ou un adepte jaïn, toute action, même involontaire, est un karma. Si par mégarde il a écrasé un animal en marchant dessus, il serait tenu responsable d’un mauvais karma. Par contre pour un bouddhiste, il n’y a pas eu de karma, car l’acte de tuer n’était pas intentionnel. Tout est dans le mental, comme l’a enseigné le Bouddha dans la première stance du Dhammapada: « Tous les phénomènes sont précédés par le mental, dirigés par le mental, constitués par le mental » (Tâm dẫn đầu các pháp, Tâm làm chủ, tâm tạo tác, Kinh Pháp Cú, 1-2).

2- Deuxième point important: contrairement à une notion répandue, le karma n’est pas le résultat du karma. Le karma n’est pas à prendre dans le sens passif, comme la conséquence d’un acte, que l’on est obligé de subir. Dans le Mahayana, on est probablement influencé et induit en erreur par les termes chinois de « nghiệp báo », « nghiệp chướng » ou « quả báo », reflétant la conséquence de l’acte plutôt que l’acte lui-même. Ainsi on entend souvent dire: « C’est mon karma. Je suis en train de payer les méfaits de mes vies antérieures ». Ceci est un contresens, puisque le karma est l’acte lui-même et non pas son résultat, et de plus dans l’esprit du bouddhisme, le résultat d’une action n’est jamais la récompense ou la punition par une autorité quelconque, Dieu ou toute force surnaturelle, venant de l’extérieur.

Comme le disait le Vénérable Nyanatiloka: « Il est tout à fait faux de croire que d’après le bouddhisme tout est le résultat des actions antérieures… Le terme bouddhique karma ne signifie aucunement le résultat des actions, et certainement pas la destinée de l’homme, ou comme on le dit parfois de toute une nation… ».

3- Troisième point important: il s’agit d’une action soit bonne, favorable, kusala (tốt, lành, thiện), soit au contraire mauvaise, défavorable, akusala (xấu, dữ, ác), créant une force karmique. Le critère « bon » ou « mauvais » n’est pas d’ordre moral ou juridique, mais psychologique, eu égard à la souffrance causée (dukkha, khổ). Une action « bonne » (kusala) est celle qui délivre de la souffrance, une  action « mauvaise » (akusala) est celle qui conduit à la souffrance. Par contre, une action ni bonne ni mauvaise, que l’on peut appeler karmiquement  neutre, n’est pas un karma.

Ainsi il ne faut pas perdre de vue ces trois caractéristiques essentielles du karma selon le bouddhisme: 1. ce n’est pas le résultat d’une action, mais l’action elle-même; 2. c’est une action volontaire, une volition ; 3. produisant un effet karmique « bon » ou « mauvais ».

On pourrait dire que le karma bouddhique est d’ordre essentiellement psychologique et éthique, alors que le karma brahmanique, hindouiste est plutôt rituel et métaphysique.

Le mécanisme du karma : la loi de cause à effet

Le mécanisme qui régit le karma est le principe universel de causalité, ou loi « de cause à effet ». Cette loi stipule que chaque cause produit un effet spécifique. Dans le bouddhisme originel, on l’exprime par l’image d’un fruit qui « mûrit dans cette existence, dans la prochaine existence ou dans les existences ultérieures ».

Dans le bouddhisme Mahayana, on utilise souvent l’image de la « graine » et du « fruit » pour l’illustrer, les termes chinois étant les mêmes pour désigner respectivement « cause » et « graine » (, yīn, nhân), « résultat » et « fruit »(, guǒ, quả).

Ainsi un pépin d’orange produit un oranger, lequel donne une orange avec ses pépins, et ainsi de suite. Il ne peut produire un manguier, qui provient d’un noyau de mangue. Scientifiquement on dira aujourd’hui qu’il s’agit d’une transmission génétique par l’ADN spécifique de chaque espèce vivante. La loi de cause à effet existe aussi dans le monde minéral et tous les phénomènes physico-chimiques, jusqu’à l’échelon moléculaire.

Il est à noter que cette représentation « graine – fruit » n’existe pas dans le bouddhisme originel en Inde: la cause est souvent représentée par les racines (hetu), alors que l’image du fruit (phala) n’est habituellement utilisée que pour désigner des niveaux de conscience atteints grâce à la méditation.

Hetu est synonyme de mula, racine, origine (rễ, nguồn gốc). Ce sont justement les 3 mula (en sino-viêtnamien tam độc, les « 3 poisons »), l’avidité ou la cupidité (lobha, tham dục), la colère ou la haine (dosa, sân hận), l’ignorance ou l’illusion (moha, si mê), qui sont à l’origine de la souffrance humaine. Il s’agit d’extirper les racines du mal en chacun, pour se délivrer de la souffrance. Inversement, il existe dans chacun de nous des « racines du bien (kusala-mula, thiện căn) », comme il est rappelé dans le vers de Kiều. Ainsi les kusala-mula sont alobha, absence d’avidité ou de cupidité, adosa, absence de colère ou de haine, amoha, absence d’ignorance ou d’illusion. 

Le résultat d’un karma est appelé vipaka, mais seulement pour des phénomènes mentaux neutres (par exemple une sensation du corps, une perception par les sens), liés à une action volontaire « bonne » ou « mauvaise ». Le karma peut être aussi sans résultat (ahosi-kamma), lorsque les circonstances d’apparition de celui-ci sont absentes, ou qu’il devient trop faible, contre-balancé par un karma d’effet contraire.

A noter une autre différence: dans le Mahayana, à côté du karma individuel (biệt nghiệp), il peut exister un karma collectif (cộng nghiệp), alors que cette dernière notion est tout à fait étrangère au bouddhisme originel. Dans celui-ci et le Theravada, le karma est strictement individuel, chacun devant assumer le résultat de son propre karma et non pas celui des autres.

La conditionnalité ou la « production conditionnée »

Outre les caractéristiques bouddhiques du karma, le Bouddha a également apporté des précisions sur son mécanisme, en ajoutant à la causalité la conditionnalité.

En effet, celle-ci, représentée par le principe de la production conditionnée (paticca-samuppada, nhân duyên ou duyên khởi), se trouve au cœur même de la doctrine bouddhique. Elle est si essentielle que le Bouddha lui-même déclara: « Qui voit la production conditionnée voit le Dharma. Qui voit le Dharma voit la production conditionnée » (Majjhima-nikaya, 28).

La condition (paccaya) est ce qui fait qu’un objet (ou un phénomène) dit « conditionné » (samuppanna) dépend d’un objet « conditionnant » (samuppada), et ne peut exister sans ce dernier, condition donc sine qua non. Dans le bouddhisme Mahayana, elle est appelée yuán en chinois, duyên en sino-viêtnamien, et considérée comme un facteur favorisant le passage de la cause à l’effet (par exemple, c’est grâce à la terre, à l’eau, au soleil, etc. que la graine devient l’arbre et produit le fruit). Néanmoins, une telle conception de la condition (facteur favorisant) est déjà éloignée de celle du bouddhisme originel.

Pour le Bouddha, c’est la production conditionnée qui est à l’origine de tous les phénomènes physiques et mentaux, car tous sont relatifs, interdépendants, liés les uns aux autres selon les liens de conditionnalité. Ce principe de conditionnalité, de relativité, d’interdépendance des choses (inter-être, selon le maître Zen Thích Nhất Hạnh) peut être exprimé en une simple formule : « Quand ceci est, cela est. Ceci apparaissant, cela apparaît. Quand ceci n’est pas, cela n’est pas. Ceci cessant,  cela cesse. » (Majjhima-nikaya III; Samyutta-nikaya II). (Khi cái này có, thì cái kia có. Cái này xuất hiện, thì cái kia xuất hiện. Khi cái này không có, thì cái kia không có. Cái này ngừng, thì cái kia ngừng).

L’existence, la vie toute entière, est expliquée de façon détaillée par la production conditionnée (paticca-samuppada), consistant en 12 facteurs, chacun étant conditionnant et conditionné à la fois et formant un cercle allant de l’ignorance (avijja, vô minh) jusqu’à la vieillesse et la mort (jara-marana, lão-tử).

Le karma, entre la causalité et la conditionnalité

Vu sous cet angle, le karma apparaît quelque peu différent: plutôt que la transformation d’une entité « cause - graine » en une autre « effet - fruit », il s’agit en fait du changement d’un état à un autre, d’une apparence à une autre, sous l’influence de divers facteurs de conditionnalité. La « cause » et l’ « effet », comme la graine et le fruit, l’œuf et la poule, sont en fait la même réalité, à des moments différents de son développement, et non pas deux réalités l’une à l’origine de l’autre.

A première vue, la loi de cause à effet et le karma sont nécessaires pour expliquer le samsara, et soutenir l’enseignement de base du bouddhisme, les 4 Nobles Vérités (cattari ariya-saccani, 4 Thánh đế). La souffrance (dukkha, khổ) est le résultat de l’apparition (samudaya, tập) de la souffrance, et l’extinction de la souffrance (nirodha, diệt) est le résultat du chemin (magga, đạo) qui y mène, c-à-d. l’Octuple Sentier de la sagesse (atthangika-magga, 8 chánh đạo).

Sans le karma, on ne peut comprendre ni suivre la démarche bouddhique  originelle visant à l’extinction de la souffrance. « S’entraîner au bouddhisme, c’est modifier son karma » (Tu là chuyển nghiệp), écrivait le Vénérable Thích Thanh Từ. Le but de l’entraînement mental (bhavana, tu tâm) n’est pas de rechercher quelque chose de lointain et inaccessible, mais de changer son mauvais en bon karma, c’est-à-dire de modifier son mental, en particulier sur le plan volitionnel.

On entend aussi souvent dire dans le bouddhisme Mahayana: « Le Bodhisattva redoute la cause, les gens ordinaires redoutent l’effet »(Bồ Tát sợ nhân, chúng sinh sợ quả). Cette expression signifie que la plupart des gens ordinaires ont peur qu’il leur arrive de mauvaises choses (c-à-d l’effet), et par conséquent font des prières au Bouddha et aux dieux pour qu’ils les protègent contre les maladies, les accidents, la malchance, sans essayer d’éviter les mauvaises actions (c-à-d la cause). A l’inverse, le Bodhisattva, qui par définition est un être éveillé, voit distinctement que la cause des mauvaises choses qui lui arrivent est justement son mauvais karma, et redoutantainsila cause, il se garde de commettre de mauvaises actions. Ainsi, la première chose qu’un pratiquant bouddhiste doit faire est d’être conscient de l’importance de son karma, c’est-à-dire de la cause qui conduit naturellement à l’effet.

Néanmoins, si l’on se réfère à l’enseignement essentiel du Bouddha, la production conditionnée et la non-substantialité du soi, des ajustements du karma par rapport aux conceptions anciennes s’imposent.

La cause, l’origine de dukkha, se trouve en dukkha même, et ne lui est pas extérieure. « Tout ce qui a la nature de l’apparition, a la nature de la cessation » disent les textes anciens pali. Pour le Bouddha, « Celui qui voit dukkha,voit aussi l’apparition de dukkha. Il voit aussi la cessation de dukkha et le sentier qui y conduit. »

Si j’ose faire une comparaison, je dirais que la production conditionnée englobe la causalité, un peu comme en physique les lois d’interaction entre les particules englobent la loi de la gravitation. En effet, alors que la causalité et la gravitation paraissent linéaires, à deux variables (cause–effet, masse–distance), la production conditionnée et l’interaction entre les particules paraît multidimensionnelle, multivariable, expliquant mieux ainsi la complexité du monde.

Le karma, entre la vérité relative et absolue

Et comme le soi n’existe pas en tant que réalité substancielle, il est noté dans le Chemin de la Pureté (Visuddhi-Magga, Thanh Tịnh Đạo) de Buddhagosha (Phật Minh):

(XVI). « Il y a de la souffrance, mais personne qui ne souffre.

L’action existe, bien qu’il n’y ait pas d’acteur.

L’extinction est, mais personne n’est éteint.

Bien que la voie existe, personne n’y chemine. »

(XIX). « Il n’y aucun auteur de l’action

Ni personne qui en cueille le fruit.

Les phénomènes seuls continuent à s’écouler

Il n’y a pas d’autre vue juste que celle-là.

Et ainsi, pendant que les karma et résultats

Maintiennent leur ronde de causalité,

Comme le noyau et l’arbre se succèdent tour à tour,

Aucun premier commencement ne peut être montré ».

Ainsi, dans le sens ultime, les 4 Nobles Vérités sont à considérer comme vides de soi, car il n’y a en réalité aucune personne qui ne souffre, aucun auteur de sa souffrance, aucun être délivré, aucun marcheur sur la voie.

C’est ainsi qu’expliquait Nagarjuna (Long Thụ), grand philosophe indien du II-IIIè s. et chef de file de l’Ecole du Milieu (Madhyamaka, Trung Quán), en faisant la part entre les deux vérités enseignées par le Bouddha: la vérité ordinaire, relative, conventionnelle, samvriti-satya (tục đế), et la vérité profonde, absolue, ultime, paramartha-satya (chân đế).

D’après le Vénérable Nyanatiloka, « Une compréhension réelle, et vraie dans le sens ultime, de la doctrine bouddhique du karma est accessible seulement à celui qui a une compréhension profonde de la non-substantialité du soi et de la production conditionnée de tous les phénomènes ».

Quelle est la portée pratique de la compréhension du karma ?

         Tout cela c’est de la théorie, me direz-vous. Mais comment mettre en pratique cette compréhension du karma?

Dans la vie quotidienne, au sein de la société humaine, c’est toujours le karma conventionnel qui régit le monde, c’est le moi conventionnel qui agit et qui reçoit ou subit le résultat de son action. Le Bouddha nous rappelle sans cesse que nous sommes entièrement responsables de nos pensées, de nos paroles et de nos actes. Ainsi que l’énoncent les premières stances du Dhammapada (1-2):

« Si nous parlons ou agissons avec un cœur et un esprit souillés,

Alors la souffrance s’en suivra

Aussi inévitablement que la roue du chariot

Suit la trace des sabots du bœuf qui le tire.

Si nous parlons ou agissons avec un cœur et un esprit purs,

Alors le bonheur s’en suivra

Aussi inévitablement que l’ombre

Qui jamais ne nous quitte. »


(Tâm dẫn đầu các pháp,

Tâm làm chủ, tâm tạo tác.

Nếu với tâm ô nhiễm,

Nói lên hay hành động,

Khổ não liền theo sau,

Như xe theo chân bò.

 

Tâm dẫn đầu các pháp,

Tâm làm chủ, tâm tạo tác.

Nếu với tâm thanh tịnh, 

Nói lên hay hành động,

An lạc liền theo sau, 

Như bóng không rời hình.

 (Kinh Pháp Cú, 1-2)


Le contrôle du karma à chaque instant est la tâche essentielle de tout pratiquant bouddhiste. Peu de temps avant le Paranibbana, son extinction complète, le Bouddha exhorta encore ses disciples:

« Soyez attentifs, vigilants, ô bhikkhus, soyez vertueux,

Ayez le mental bien concentré, maîtrisez votre pensée.

Celui qui travaille avec attention

Dans cette doctrine et cette discipline,

Ayant abandonné la naissance et le samsara,

Mettra fin à dukkha. » (Maha-Paranibbana-sutta)

« Hỡi các tỳ kheo!

Hãy chánh niệm, tỉnh giác,

         Trì giới, định tâm, nhiếp ý.

         Ai tinh tấn trong Pháp và Luật này,

Sẽ lìa vòng sanh tử, chấm dứt khổ đau. » (Kinh Đại Bát Niết Bàn pali)

Le message de Bouddha est donc clair: notre karma ne dépend que de nous, il est l’expression de notre responsabilité et de notre liberté.           

 

                                               Villebon s/Yvette, le 19 Janvier 2014

                                               Trịnh Đình Hỷ (Nguyên Phước)